Séverine, 25 ans
«Aujourd'hui, je me sens trahie»
«Jeune embauchée, promesse envolée.» Au milieu de la manif, avec sa pancarte autour du cou, Séverine, 25 ans, ne passe pas inaperçue. Elle travaille depuis trois ans à EDF, aux services commerciaux. «C'est ma première manif, je suis venue pour défendre mon statut. Car je sais que si nous sommes privatisés, je serais dans les premiers à passer dans le privé. Mon boulot sera sous-traité. Moi, j'ai choisi le service public pour la sécurité de l'emploi et les conditions de travail. Je suis moins payée que quelqu'un qui travaille dans le privé, mais c'est acceptable grâce aux avantages que l'entreprise nous donne. Mais, aujourd'hui, je me sens trahie. J'avais un plan de carrière, j'espérais pouvoir évoluer. L'ouverture du capital remet tout en cause. Je ne suis pas syndiquée, mais je pense que le seul moyen de se faire entendre par notre direction est de manifester en étant nombreux. Les grèves locales ne donnent rien. On n'est jamais entendus, ni consultés. Il n'y a aucun dialogue social dans cette boîte. J'ai été embauchée grâce aux 35 heures et, depuis, les conditions de travail n'ont cessé de se dégrader. Les agents qui partent en retraite ne sont pas remplacés, certains préfèrent démissionner et chercher du boulot ailleurs. On nous demande de travailler avec les méthodes du privé, et ça n'est pas acceptable.» Sa copine acquiesce. Elle porte un autocollant CGT sur le bras, mais «n'est pas syndiquée» non plus. Elle aussi paraît a