Tokyo de notre correspondance
Les limiers de la brigade anti-boryokudan (anti-mafia) en rient encore. Lors du Mondial de foot, tous s'attendaient à ce que les yakusas, les gangsters nippons, squattent le marché noir. Des flics spécialisés avaient été dépêchés près des stades. Des tracts de mise en garde avaient été distribués aux membres de l'Ultra-Nippon, le Kop des supporters du Japon. La réalité s'est avérée bien différente : «En bons Japonais disciplinés, les yakusas ont hésité à rafler à l'avance des billets, car la Fifa avait annoncé que ceux-ci devraient comporter obligatoirement l'identité du spectateur, explique un officier de la police de Tokyo. Résultat : ils se sont fait griller par les revendeurs étrangers qui, eux, ont racheté des masses de tickets, car ils avaient compris d'emblée que cette règle serait intenable vu l'affluence. Ici, les voyous sont comme la société et les milieux d'affaires : ils peinent à s'adapter lorsque les règles changent.» Toujours planquée derrière les paris clandestins, le monde de la nuit, la spéculation immobilière et quantité de sociétés écrans, la mafia nipponne est confrontée au même dilemme que l'archipel en récession : évoluer ou voir s'amonceler les pertes et reculer face à la concurrence «étrangère» des mafias russe ou chinoise.
Dans l'ombre du boom
A l'époque de la bulle spéculative des années 80, les voyous japonais caracolaient sur la scène internationale. Pas un livre sur le Japon sans que soit mentionnée, en marge de cette