Le sexe est-il un outil de travail comme les autres ? Paradoxe de l'époque, alors que la France se divise sur la place de la pornographie et de la prostitution dans la société, de plus en plus d'acteurs de pornos et de prostitués revendiquent le caractère professionnel de leur activité. Et réclament un statut reconnu, comme toute personne bénéficiant d'un emploi. Dès la première page de son livre (1), l'actrice X Ovidie affirme: «Je suis une travailleuse du sexe.» A la télé, Claire Carthonnet (2) se fait la porte-parole de celles qui «assument le stigmate de la prostitution». «C'est une activité qui ressemble à une profession libérale. Elle me permet de vivre.» Acteurs de porno, streap-teaseuses, hôtesses de bar, escort-girls ou prostitués, les «métiers du sexe» existent dans les recoins de la société. Mais ceux qui vivent de leur corps sont soumis à la même suspicion : souhaite-t-on réellement faire commerce de son intimité ? Peut-on parler de profession ? N'est-on pas plutôt victime, subissant violence et humiliation ?
«Rêve professionnel». Travaillant depuis quinze ans dans la prostitution, Claire Carthonnet parle de libre choix contraint. «On ne choisit pas la prostitution comme bien d'autres métiers, dit-elle. A part la bourgeoisie et ceux qui ont de l'argent, très peu de gens ont les moyens de réaliser leur rêve professionnel. J'avais le choix entre les petits boulots McDo ou travailler à l'usine. J'ai choisi une solution plus radicale pour vivre.» Et elle y reste pour