«Avant je travaillais pour me payer une fourrure, aujourd'hui, c'est juste pour vivre», dit cette prostituée des rues de Paris. A Limoges, le constat est le même. «Nous avons perdu 60 à 70 % de notre chiffre d'affaires.» Encore plus que les entreprises, les prostituées subissent de plein fouet les effets de la mondialisation. Depuis quelques années, les étrangères ont déboulé sur le trottoir. Filles d'Europe de l'Est ou d'Afrique, elles sont accusées de «casser les prix» dans un marché dérégulé.
Les filières. Deux cultures s'affrontent. Les «traditionnelles» les Françaises travaillent seules, indépendantes et sans mac dans leur grande majorité. Les étrangères, elles, gagnent souvent la France à travers une filière ou des réseaux mafieux aux pratiques violentes. Leur souteneur n'est jamais loin, elles ne gardent guère l'argent qu'elles perçoivent. «Ils les surveillent assis dans leur voiture, dit une responsable d'association. Au moindre problème, ils utilisent leur téléphone portable.»
La concurrence étrangère, avec ses filles jeunes et jolies, a poussé plus d'une prostituée, un peu moins jeune et jolie, au bord de l'exclusion et de la pauvreté. Les associations comme les Amis du bus des femmes à Paris s'arrachent les cheveux pour trouver des solutions à des femmes sans droits sociaux ni retraite. «Certaines font à peine 25 euros par jour, explique Camille Cabral, directrice de Pastt, association de transgenres et de travailleurs du sexe. Ce sont surtout les plus âgées, ce