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Libération

Les chantiers, bouées de sauvetage

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Ces entreprises offrent, par le biais de CES, un emploi aux cas sociaux les plus difficiles.
publié le 14 octobre 2002 à 1h24

Strasbourg, Colmar, de notre correspondante.

Avec de l'eau de Javel, une éponge, un chiffon et des Coton-Tige, Samira (1) nettoie énergiquement un jouet ­ aujourd'hui, une caisse enregistreuse en plastique moulé. Autour d'elle, plusieurs dizaines d'autres jouets attendent la grande lessive. Samira a commencé son CES (contrat emploi solidarité) il y a quelques jours et, tout en récurant, elle répète les consignes : «Je peux prendre tout mon temps, mais il faut que ce soit impeccable.» Elle ajoute aussitôt : «Il faut aussi arriver à l'heure au travail, sinon, on peut perdre son poste. Moi, hier, j'avais trois quarts d'heure de retard car le conducteur du tram n'a pas voulu m'ouvrir la porte.» Chantal Meunier, la directrice du chantier d'insertion Carijou, la reprend en souriant : «Oui, mais arriver à l'heure, c'est aussi s'obliger à partir suffisamment en avance...» Samira ne conteste pas : «C'est normal, quand on travaille.»

Carijou est l'un des 38 chantiers d'insertion d'Alsace. Le principe en est simple : l'association collecte les dons de jouets. Nettoyés et réparés par une vingtaine de personnes en contrat emploi solidarité, puzzles, hochets, jeux de construction, petites voitures ou inévitables Barbie sont ensuite remis en vente à moitié prix dans un magasin ouvert depuis deux ans dans le centre-ville de Strasbourg (2).

Elles sont arrivées chez Carijou après des mois, parfois des années de galère. De leur passé chaotique, Nadia, Monique, Jacqueline et Zohra ne diront que qu