Menu
Libération

Mèches explosives

Article réservé aux abonnés
publié le 14 octobre 2002 à 1h24

Conseil de prud'hommes de Paris, section commerce.

Une jeune femme aux cheveux blonds permanentés s'approche à petits pas de la barre. Enceinte, les deux mains posées sur son ventre, les sourcils froncés. Anne L. est «technicienne coloriste permanentiste». Embauchée en septembre 2000 dans un salon de coiffure «huppé» proche de l'Opéra, licenciée en septembre 2001. «Le 12 septembre 2001, on la convoque à un entretien en lui disant : "C'est une catastrophe ce qui s'est passé hier, le 11 septembre, nous ne pouvons pas vous garder"», commence son avocat. «Pensez-vous qu'entre le 11 septembre, 23 heures, et le 12 au matin, il y a un effondrement de la conjoncture qui permet de licencier ? La réalité, c'est que l'activité se porte on ne peut mieux, poursuit-il. Au même moment, la gérante, madame T., passe une annonce pour recruter des "coiffeurs-coiffeuses". Et ouvre un deuxième salon dans le XVIe !» «La petite annonce, c'est le journal qui s'est trompé, elle aurait dû passer en juin», riposte l'avocat de la défense. «Madame T. propose des soins haut de gamme, des prothèses capillaires. Elle a un grand nom de la haute couture qui vient chez elle. C'est du luxe, et en période de crise le luxe est plus durement touché.» Le conseil condamne le salon à verser à Anne L. 3 250 euros pour rupture abusive du contrat et 600 euros pour ses frais de justice.

«Bon, alors, affaire suivante, nous restons dans la coiffure», lance le président d'un air goguenard. Antoinette L., 62 ans, chignon tiré