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Libération
Enquête

France Télécom une indécision d'Etat

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Chronique d'un lâchage brutal: jusqu'à cet été, malgré l'accumulation de mauvaises nouvelles financières pour l'opérateur, Michel Bon n'était pas donné partant..
publié le 17 octobre 2002 à 1h27

C'était le 12 septembre dernier, un jeudi obscur, fixé dans l'esprit à jamais tourmenté de Michel Bon. A 19 heures, le Pdg de France Télécom, 59 ans, a remis sa démission au conseil d'administration du groupe. Pour la première fois de son existence publique, cet homme lisse, qualifié de «poisson froid», montre toute sa tristesse et son chagrin. Il doit quitter l'entreprise qu'il dirige depuis sept ans pour laisser la place à Thierry Breton, 47 ans, PDG de Thomson Multimédia. «Je quitte cette maison la mort dans l'âme, au moment même où elle affiche les meilleurs résultats opérationnels et de son histoire et de tous les grands opérateurs européens. Mais je la quitte rassuré sur son avenir... Cette entreprise m'a donné les heures les plus riches de ma vie professionnelle. Je vous en suis, à chacun de vous, profondément reconnaissant. Je suis fier de vous, de ce que vous avez fait, c'est vous qui, dans ces heures difficiles, êtes mon meilleur réconfort.»

Pour Michel Bon, tout a basculé très vite. Probablement trop vite pour qu'il ait pu encaisser toute la brutalité du revirement gouvernemental à son endroit. Le 24 mai 2002, lorsque Francis Mer le reçoit à Bercy (comme il l'a fait pour tous les patrons des entreprises publiques), le nouveau ministre de l'Economie n'a pas la moindre intention d'inquiéter le PDG, qu'il estime, et encore moins de couper la tête d'un patron libéral et catholique comme lui. Francis Mer assure même à Michel Bon toute sa confiance et, face à la chute du