Menu
Libération

Ces ouvriers siciliens plaqués par Fiat

Article réservé aux abonnés
Termini Imerese partagé entre colère et sentiment d'abandon.
publié le 18 octobre 2002 à 1h27

Termini Imerese envoyé spécial

«Ils nous ont abandonnés.» Que ce soit d'un ton exaspéré, résigné ou combatif, le constat fait figure de litanie. Depuis la semaine dernière, où la direction de Fiat a annoncé la mise au chômage technique de longue durée du personnel de l'usine Termini Imerese ­ à moins de quarante kilomètres de Palerme ­ , les ouvriers se rassemblent tous les jours devant les grilles rouillées de l'établissement. Et accusent les Agnelli d'abandon. Hier, un millier de ces employés siciliens de Fiat (sur les 1 800 que compte l'usine) sont venus jusqu'à Rome manifester leur colère et leur inquiétude d'être privés de leurs emplois.

«Ils nous ont utilisés et puis, maintenant, ils nous jettent», proteste l'un d'eux à Termini. «Pendant trente ans, ils ont sucé le sang de l'...tat, de la région et des travailleurs et maintenant qu'ils doivent mettre de l'argent, ils se dérobent», lui fait écho Salvatore, 44 ans, dont vingt-cinq ans sur les lignes de montage de la Fiat 126, de la Panda, puis de la Punto. Au sentiment d'injustice et de frustration, s'ajoute la sensation d'avoir été trahis. «A l'inauguration, en 1970, de cette usine, les Agnelli avaient organisé une cérémonie en grande pompe. Ils étaient ceux qui venaient résoudre le problème de l'emploi dans le Sud», raconte Luigi Purpi, le maire Forza Italia de Termini Imerese. «Aujourd'hui, par leur décision, ils provoquent la mort d'une région entière. Leurs regrets sont purement de façade. Ils s'en foutent du Mezzogio