Conseil de prud'hommes de Paris, section encadrement.
Elle se tient raide et pince les lèvres, tandis que son avocat évoque «les propos qu'elle aurait tenus». «Elle nie les avoir tenus, mais quand bien même elle les aurait tenus, elle a dit la vérité», s'embrouille l'avocat. Ewa S., 49 ans, chignon blond, veste et pantalon chic, attaque son ancien employeur, la société informatique W., pour licenciement sans cause réelle ni sérieuse. En septembre 2001, elle est vice-présidente et actionnaire de la société. La situation économique se dégrade, les relations se détériorent. «Madame S. a tout simplement prévenu le directeur commercial qu'il n'allait pas être gardé dans l'entreprise après sa période d'essai, le directeur du personnel qu'il allait être viré, puis elle est allée voir l'investisseur pour lui raconter tout ce qui s'était dit en comité de direction», s'énerve l'avocate en défense. «Vous imaginez la panique que ça peut causer dans une PME de 25 personnes ? Les gens étaient effrayés, ça justifie le licenciement pour faute grave.» L'avocat d'Ewa S. conclut comme il avait commencé. Sa cliente n'a «rien dit». Mais «si elle a prévenu des gens qu'ils allaient être licenciés, en tout cas ils ont bien été licenciés». Après délibéré, le conseil requalifie la rupture en licenciement sans cause réelle ni sérieuse, et condamne la société W. à verser 6 552 euros de dommages-intérêts à Ewa S.
Affaire suivante, requête identique. Ionel I., ingénieur, poursuit la société de jeux vidéo M