Janek Kuzkiewicz est directeur adjoint des droits humains et syndicaux à la CISL, la Confédération internationale des syndicats libres (1), et auteur d'un rapport sur la Birmanie qui dénonce la «complicité» actuelle de TotalFinaElf dans les violations aux droits de l'homme de la junte. Entretien.
Quelles nouvelles preuves apportez-vous sur l'implication de TotalFinaElf dans le travail forcé en Birmanie ?
Pas moins de 16 villages ont été forcés de participer en avril dernier à la construction d'une route à proximité du gazoduc. Mais alors qu'on avait assuré aux familles un millier de personnes qu'elles seraient payées, elles n'ont rien perçu. TotalFinaElf se défend en disant avoir un contrat uniquement avec l'armée, qu'elle paie pour assurer la sécurité du gazoduc. Et assure lui avoir demandé de ne plus avoir recours au travail forcé. Mais, de fait, elle accepte de lui sous-traiter du travail. Et se cache derrière son contrat sans chercher à voir les atteintes aux droits de l'homme...
Quelle est la nouveauté de ces accusations par rapport aux précédentes ?
La nouveauté, c'est qu'en dépit des efforts de communication de TotalFinaElf, la situation n'a pas changé, bien au contraire. Dès le début des travaux, le travail forcé et le déplacement de populations se sont multipliés. Et TotalFinaElf a nié. Une fois le gazoduc fini, la firme, pour l'exploiter, a sous-traité la sécurité (escorte des expatriés, construction de routes, postes de gué) à l'armée qui force la population à tra