Noeux-les-Mines envoyée spéciale
«Difficile de se retrouver du jour au lendemain chef d'entreprise.» Isabelle Souillard, tailleur rose et bouille ronde, dirige depuis cinq ans l'avenir d'Isastyle, une entreprise de confection du Nord-Pas-de-Calais montée en autogestion par quinze ouvrières après le dépôt de bilan de l'usine de confection Active à Béthune. «Dès l'annonce de notre licenciement pour cause de délocalisation, je me suis dit qu'on ne pouvait pas se retrouver sur le carreau. Alors, avec quatorze autres collègues, j'ai proposé de reprendre l'atelier de confection.»
Les jeunes femmes mettent en commun leurs indemnités de licenciement (1 500 euros chacune) et partent chercher des financements. «On a démarré avec nos 25 000 euros d'indemnités, puis une association d'économie solidaire, Autonomie et solidarité (lire encadré), qui a cru en notre projet, nous a prêté 25 000 francs, a investi la même somme en actions... et surtout nous a accompagnées dans l'aventure.» Jean-Marie Didier, de l'association Autonomie et solidarité, s'est pris d'amitié pour cette aventure. Isastyle est devenu son entreprise fétiche. «Quand elles ont cherché leurs premiers marchés, elles étaient pleines de crédulité. Isabelle calculait ses prix de revient au plus juste, sans augmenter un peu pour négocier avec le client. Elle me disait : "Moi, à mes enfants, je leur apprends qu'il faut surtout ne pas mentir, je vais pas me mettre à mentir."»
Sur leur route, elles ont croisé Claudio Speziari de Fino