«On a décidé de financer la reprise de l'usine grâce à une souscription des salariés et de mettre l'argent sur le meilleur plan qui serait présenté.» Daniel Lambert est militant CFDT chez Pillivyut, une petite entreprise de Mehun-sur-Yèvre (Cher). La fabrique de porcelaine est le seul employeur de cette ville de 7 500 habitants. 70 salariés ont mis 304 000 euros dans le plan de reprise monté par les cadres. A La Maxe, près de Metz, Gilles Bouillaguet est encore émerveillé : le 10 octobre, le tribunal de commerce a attribué aux 23 associés réunis en Scop (société coopérative de production) de reprendre Microservice Solutions (services informatiques) où ils ont investi 56 000 euros de leurs économies.
Anecdotique ? Pas si sûr. «C'est un classique : quand l'économie va mal, notre activité augmente», rappelle Jean Gauthier, le secrétaire général de la Confédération générale des Scop (CGScop). La France connaîtra cette année plus de 38 000 défaillances d'entreprises, en hausse de 7,4 %. De quoi générer des tentatives de reprise des entreprises par les salariés (RES) pour pallier l'absence d'entrepreneurs «classiques», voire pour se substituer à des plans de rachat des requins qui hantent les couloirs des tribunaux de commerce. «C'est le premier motif de création des Scop, prévient-il. Cela représente la moitié de nos 1500 adhérents.» Dans les réseaux de financement solidaire, on ressent aussi un renouveau des tentatives de RES, en coopératives ou non. «Oui, les projets de ce type