On la dit lente à la détente, indifférente au ralentissement économique, insensible au sort des populations européennes. Trois ans et demi après sa création, la Banque centrale européenne (BCE) n'a pas eu raison de ses détracteurs. A l'heure où le pacte de stabilité prive les membres de l'Union de l'arme budgétaire, la gardienne de la politique monétaire de la zone euro redevient le bouc émissaire idéal de gouvernements peu soucieux d'endosser aux yeux de leur opinion publique la responsabilité de l'affaissement de la croissance et, corollaire inévitable, de la poussée du chômage. Dans ce contexte délicat, le rapport du Conseil d'analyse économique, présenté mi-juillet au Premier ministre et rendu public hier, vient à la rescousse de la jeune banque centrale. Patrick Artus, professeur à Polytechnique, et Charles Wyplosz, professeur à l'université de Genève, y font la part des mauvais procès et des critiques légitimes. D'emblée, le ton se veut accommodant.
Pragmatique. Pour les deux économistes, le bilan de la BCE n'est «pas déshonorant». Dans un environnement heurté, sa gestion des taux d'intérêt a permis de contenir l'inflation sans pour autant casser la croissance. Si la hausse des prix est légèrement supérieure au plafond de 2 % que s'est imposé la banque, ce dépassement, largement imputable à des chocs extérieurs (hausses des prix du pétrole et des prix alimentaires) reste «modéré». Surtout, preuve est ainsi faite, à les en croire, que la BCE est beaucoup moins obnubilée