C'est devenu une manie : la SNCF ne fait plus un pas en avant sans sonder ses troupes en profondeur... et se met volontiers en scène dans ce rôle d'entreprise à l'écoute de sa base. Après avoir déjà entrepris de disséquer le mal-être des conducteurs (Libération du 16 avril), la direction de l'entreprise ferroviaire a mené, pendant un an, une vaste enquête sur toutes les questions tarabustant les cheminots (l'Europe, le management, la grève, etc.) dont les conclusions, minutieusement collectées, devront «infléchir et orienter» l'élaboration du projet industriel de l'entreprise pour la période 2003-2005.
Hier, devant 4 500 cheminots, Louis Gallois et ses lieutenants (épaulés d'exégètes de la Sofres) ont présenté au parc des Expositions à Paris les fruits de cette enquête à laquelle un quart des 180 000 cheminots ont répondu. «On ne peut pas nier que c'est un succès», concède Grégory Roux, secrétaire de la CGT (les syndicats ont été tenus à l'écart de cette consultation), ajoutant que derrière cette «démarche participative» il y a aussi «le souhait pour l'entreprise d'avancer ses arguments sous couvert d'avoir consulté les cheminots». La direction a présenté quinze propositions, censées être nourries des aspirations de la SNCF d'en bas. Dans le lot, une réorganisation du management, l'introduction de primes d'intéressement pour les établissements les plus performants, des tarifs spéciaux pour répondre à la concurrence des compagnies aériennes low cost.
Fret ferroviaire. S'app