Luxembourg envoyé spécial
Greenpeace a bâti sa réputation sur ses coups d'éclat. Pour qu'une action réussisse, il faut bien sûr qu'elle soit spectaculaire, mais il faut surtout qu'elle crée la surprise. Vendredi, l'ampleur de l'opération était telle qu'il devenait plus difficile de concilier ces deux exigences. Comment mobiliser plus de 600 militants, les regrouper au Luxembourg, organiser l'occupation de 28 sites sans éveiller l'attention des autorités ? La logistique était inhabituelle : 62 véhicules loués (dont une douzaine de cars), une soupe géante pour accueillir les participants, des paniers-repas pour chacun d'eux, des tonnes de matériel à acheminer : banderoles, panneaux, échelles, fausse statue de la Liberté, tenues blanches, effigies de George W. Bush, déguisements de tigre, etc.
Du point de vue de l'organisation, l'opération de vendredi fut une réussite. Du point de vue de la discrétion aussi. «Nous ne nous y attendions absolument pas», confiait un policier dans la principale des 28 stations service Esso du pays, occupée par une centaine d'activistes.
Secret. Pour éviter les fuites, Greenpeace a une méthode radicale : ne sont prévenus de l'opération que ceux qui l'organisent. Les militants n'apprennent leur destination que pendant le voyage. «On m'a proposé voici deux semaines de participer, confie Cat, 33 ans, mais ce n'est qu'hier [jeudi], en prenant le bus de Londres, que j'ai su où nous allions.» Que Cat milite dans l'association depuis douze ans ne change rien