L'Allemand Gerd Leipold est directeur exécutif de Greenpeace International. Il revient, pour Libération, sur les évolutions de son organisation.
Pourquoi ciblez-vous spécifiquement ExxonMobil ?
Parce qu'ExxonMobil, l'un des plus grands contributeurs de la campagne présidentielle de George W. Bush, a une influence décisive sur la politique énergétique du gouvernement. Le pétrolier nie toujours la réalité du réchauffement climatique et instrumentalise la politique américaine qui s'enferme dans l'unilatéralisme et refuse de signer le protocole de Kyoto. Au fond, ExxonMobil, comme Bush, se moque de l'intérêt planétaire général et privilégie les intérêts privés et particuliers. C'est en partie sous sa pression que les Etats-Unis ont abandonné leurs responsabilités globales en matière d'environnement. La preuve : en février, la Maison Blanche présentait un projet de politique climatique, alternative supposée au protocole, qui reprenait presque mot pour mot les discours des dirigeants d'ExxonMobil...
Pourtant vous discutez avec d'autres pétroliers, comme Shell dont vous êtes actionnaires. Vous avez même signé un appel commun avec le Conseil mondial des affaires pour le développement durable (WBCSD), à Johannesburg, pour appeler à la ratification du protocole de Kyoto...
Notre déclaration conjointe avec près de 200 multinationales au Sommet de la Terre illustre notre évolution. Quand nous l'avons signée, beaucoup d'ONG nous ont dit : «Comment avez-vous pu faire ça ?» A l'inverse, des fi