Mourmelon envoyé spécial
Kelly a 24 ans, les cheveux ras et un Deug de psycho. Depuis juin dernier, elle est engagée au 501/503e régiment de chars de combat de Mourmelon (Marne). «J'en avais marre des petits boulots chez moi à Clermont-Ferrand», dit-elle. Elle est désormais transmetteur-graphiste dans une unité de chars Leclerc et fait partie de la dizaine de milliers d'engagés volontaires de l'armée de terre (Evat) qui seront recrutés cette année. En novembre 2001, les derniers appelés ont fait leur paquetage et l'armée ne peut plus compter que sur des volontaires pour remplir ses casernes. Jusqu'à Mourmelon, une ville de garnison typique en plein coeur des grands camps de manoeuvre de Champagne. Les militaires ont eu six ans pour s'adapter, depuis l'annonce de la professionnalisation des armées par Jacques Chirac en février 1996. «Ne descendent de nos trains que ceux qui ont bien voulu monter dedans», résume le général Elrick Irastorza, chargé du recrutement (1). Ce qui a d'abord changé, c'est l'ambiance. «Les fous furieux qui réveillent tout le monde à 2 heures du matin pour les gaietés de l'escadron, c'est plus prévu au film», poursuit le général, qui a longtemps porté le béret rouge des parachutistes. A Mourmelon, une visite dans les chambres (on ne dit plus «chambrées») des engagées laisserait pantois les vieux soldats. Plus de lits en batteries, mais une collection de peluches, des gravures au mur, des bibelots sur les meubles, un micro-ordinateur, le téléphone, etc. L