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Libération
Interview

«L'UE a mis ses objectifs en veilleuse»

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En vingt ans, le taux de chômage moyen n'a diminué que de 2%.
publié le 28 octobre 2002 à 1h34

Jacques Freyssinet, ancien directeur de l'Ires (1), a dirigé la dernière livraison de «la Chronique internationale de l'Ires» consacrée au thème «Retournement conjoncturel et emploi».

Vous avez exploré les politiques de l'emploi dans les principaux pays européens. Quels sont leurs traits communs ?

Il y a trois tendances communes, mais appliquées inégalement : le renforcement des exigences de modération salariales, la réactivation des formes particulières d'emploi et en général de la flexibilité des salariés, et enfin la lutte contre la désincitation au travail, ou encore la chasse aux dispositifs de transfert sociaux sans contrepartie de travail. Les pays les plus proches du plein-emploi, le Danemark, les Pays-Bas, l'Irlande, se préoccupent davantage des pressions salariales alors que ceux qui connaissent des situations de chômage de masse, Espagne, Allemagne, insistent de leur côté sur la flexibilisation du marché du travail.

Ce sont des politiques qui sont apparues dans les années 80, à l'initiative de l'OCDE qui prônait des réformes structurelles contre le chômage. Elles ont été accentuées lors de la crise de 1993.

Quel bilan peut-on en tirer aujourd'hui ?

Ce qui est impressionnant, c'est qu'en vingt ans de politique de ce genre, l'Union européenne connaît encore un chômage massif. Alors qu'à partir de 1997, on a connu quatre années de forte croissance, on est passé d'un taux de chômage moyen un peu supérieur à 10 % à un taux un peu inférieur à 8 %. C'est peu.

Est-ce à dire qu'