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Libération

Vu à la télé

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par Jean-Marc GROSDEMOUGE
publié le 28 octobre 2002 à 1h34

Laurent, 26 ans, journaliste, s'apprête à quitter la chaîne de télévision locale où il travaille depuis près de cinq ans.

«En 1997, pendant mes études d'audiovisuel, je suis entré dans la chaîne pour un stage, puis j'ai été embauché. Au début, j'avais des responsabilités : je travaillais sur des magazines, et sur le journal hebdomadaire de 26 minutes. Il n'y avait pas de rédacteur en chef : la direction du journal était tournante. Au printemps 1999, un rédacteur en chef a été nommé. Il a dit : "J'ai été engagé pour faire un journal qui tienne la route, votre fonctionnement n'est pas pro." C'était : je vais vous montrer comment ça se passe. Après un mois d'observation, il nous a imposé sa méthode. Chaque tournage ne doit pas durer plus d'une heure (temps de déplacement compris). Le planning établi le matin doit être tenu à cinq minutes près. Il a instauré un système de binôme : le rédacteur travaille avec un JRI. Pour lui, le JRI n'est qu'un cadreur, un technicien. Mais, quand on arrive le matin, les sujets sont attribués sans qu'on ait notre mot à dire sur le contenu. Je devais tourner du matin au soir : je couvrais quatre événements au minimum par jour. Il ne supportait pas qu'un JRI n'ait que deux tournages par jour. Or, on ne contrôle pas l'événement, et on finit souvent tard. Parfois, je courais pour arriver à avoir tous mes plans, je faisais des journées de dix ou douze heures. Le journal a un découpage très figé, auquel on obéit quelle que soit l'importance de l'actu. U