Devant les grilles de l'usine LU de Ris-Orangis, maître Philippe Brun plaide une drôle de cause, dans un étrange prétoire. Il est 17 heures, ce lundi 14 octobre, et depuis trois heures, il tente d'accéder au local du comité d'établissement de l'usine filiale de Danone où l'attendent les salariés. Mais un cordon de vigiles l'empêche de «visiter ses clients». La police, convoquée pour constater le délit d'entrave, disparaît sur «instruction de la hiérarchie» : «La police de Sarkozy, ministre de droite, se retire devant la milice d'un patron de gauche», moque l'avocat des salariés. Qui appelle alors Manuel Valls, maire socialiste d'Evry «en sa qualité d'officier de police judiciaire, pour faire respecter la loi. Depuis les lois Auroux de 1982, on n'avait jamais vu l'avocat d'un CE empêché d'accéder au CE. Une infraction pénale». Celui-ci apparaît, accompagné de Thierry Mandon, maire (PS) de Ris-Orangis. La tragi-comédie prend fin en début de soirée lorsque, enfin, l'avocat peut rencontrer les salariés.
«A Evry, c'est LO qui mène la danse; à Calais, les durs de la CGT»
Anecdote dans un conflit qui dure depuis maintenant 18 mois autour de la fermeture annoncée de quatre usines LU : Ris-Orangis/Evry (Essonne), Calais (Pas-de-Calais), Château-Thierry et Jussy (Aisne). A Calais, comme à Evry, les sites sont sous surveillance. Il suffit qu'un journaliste vienne rencontrer les syndicalistes pour que deux fonctionnaires des RG se présentent au local du CE. «On a l'habitude, rigole Farid