La chaussette française se porte mal, écrabouillée par les importations massives et les délocalisations. Dans le bassin d'emploi historique de l'Aube, à côté de Troyes, les salariés de deux des principaux fabricants de chaussettes français vivent les dernières secousses d'une filière exsangue. Doré Doré (DD), tout d'abord, a été placé en redressement judiciaire le 24 octobre, et les 500 salariés sont suspendus à une poursuite d'activité hasardeuse. Quant à la direction d'Olympia, basée à Romilly, la «capitale de la chaussette», elle a annoncé lundi dernier aux 680 salariés que 280 d'entre eux étaient «en trop». Ce sera donc la porte ou le mi-temps pour tout le monde sans réduction d'effectifs, a proposé Olympia. Même la direction n'y croit pas «sans l'aide des pouvoirs publics» : «Avec un Smic, c'est déjà dur, alors avec un demi...», admet le directeur financier, Thierry Charreire.
«30 % moins chère». En France, la situation de la chaussette a pris une sale tournure depuis quelques années. L'an dernier, une usine du groupe Sara Lee avait fermé, à côté de Troyes toujours : 200 licenciements. Le groupe Kindy, dans l'Oise, n'en finit plus de se restructurer. La chaussette française est emblématique du marasme traversé par la filière textile dans son ensemble : sur un peu plus 350 millions de paires vendues en France chaque année, 330 millions sont importées. De Turquie, de Roumanie, d'Italie ou du Portugal. «Depuis deux ou trois ans, les importations grimpent de 20 à 30 % par an