«La violence est la maladie honteuse des entreprises», selon Jean-Michel Vernet, qui dirige la mission «bénéficiaires» de l'Afpa (1) au niveau national. Avouer pour une entreprise qu'elle connaît des actes d'incivilité revient à avouer des problèmes de management et d'organisation. Alors même que le phénomène semble croître, aucun chiffre n'existe et peu de structures s'attellent au problème. L'Afpa, qui forme près de 150 000 stagiaires par an, en a fait une priorité. Car la violence grève les chances d'un jeune de trouver du travail malgré une formation recherchée par les employeurs : 80 % des stagiaires trouvent un emploi à l'issue de leur stage, les 20 % qui restent au chômage le sont parfois à cause d'incivilités répétées qui rendent toute insertion compliquée.
Les employeurs sont directement touchés. Chez Adecco, on raconte cette histoire qui s'est reproduite à plusieurs reprises, dans différentes agences du géant de l'intérim : un jeune, «éloigné du monde du travail», trouve un emploi temporaire dans une grande entreprise en tant qu'agent de fabrication à la chaîne. Deux, trois fois de suite, il arrive à son poste en retard et ignore les remarques de son chef d'équipe. Ce dernier, excédé, fini par lui lancer : «Si t'es pas content et pas foutu d'arriver à l'heure, tu dégages.» «Généralement, ces jeunes prennent leurs affaires et ne reviennent plus, explique un responsable d'Adecco. A la plus grande surprise des employeurs qui ensuite appellent pour se plaindre.»
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