Depuis la reprise, les filles ont la cote en usine et certains employeurs préfèrent les embaucher car avec elles, «il n'y a pas de problème». Sociologues, Stéphane Beaud et Michel Pialoux expliquent pourquoi l'intégration des unes se révèle plus simple que celle des autres. Extrait d'une enquête menée à l'usine Peugeot à Sochaux et prochainement publiée dans la revue Travail, genres et société (1).
Souples et sérieuses. «Les filles apparaissent plus sérieuses, moins souvent absentes, plus prévisibles, plus accommodantes, [...], plus sensibles à l'humour en vigueur dans les ateliers. [...] En général, elles ont le contact facile et l'art de mettre de l'huile dans les rouages, habituées par le rôle de médiatrices qu'elles ont souvent tenu dans leur famille. [...] Ces filles semblent avoir réussi à se faire rapidement une place à l'usine, notamment les filles d'immigrés qui, dans l'ensemble, n'apparaissent pas portées au conflit.»
Bravades et blocages. «Beaucoup de garçons de cité ont du mal à accomplir les gestes les plus simples, comme dire bonjour, échanger quelques mots avec tout le monde, se couler dans le moule de la vie sociale de l'atelier. La plupart apparaissent bloqués, prisonniers de leur uniforme et de leur langage de "banlieue", ayant énormément de mal à sortir, même pour un temps, de la culture de rue qui les a façonnés depuis des années. Derrière leurs attitudes de bravade ou de provocation [...], on peut lire une extrême difficulté à entrer en relation avec des p