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Libération

Electrocuté

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publié le 12 novembre 2002 à 1h44

Conseil de prud'hommes de Paris, section industrie

L'avocat répète trois fois : «Je vous préviens, c'est hors normes.» Derrière lui, un homme, la cinquantaine, est assis les épaules un peu recourbées, la main agrippée au dossier du banc. Il porte un costume sombre, une chemise blanche, une cravate multicolore qui flashe. Yves C. est entré en 1968 chez EDF. «Au moment de l'apparition des centrales nucléaires», précise l'avocat. Il n'a alors «que le BEPC en poche», effectue des tâches de maintenance «insalubres» dans les centrales de Gravelines puis Chooz (Ardennes), gravit les échelons. «EDF, c'est sa vie, s'envole l'avocat, il a été formé EDF, logé EDF, il a pris femme EDF...» En 1989, Yves C. demande un congé sans solde pour convenance personnelle, possibilité prévue par la convention collective de l'entreprise. Il est alors «chef de quart adjoint», «un poste de responsabilité dans le pilotage d'une centrale nucléaire». Il veut aider ses parents à lancer une petite exploitation avicole. Une fois les volailles installées, les revenus des parents assurés, il retournera à la centrale.

Deux ans plus tard, en juin 1991, il demande sa réintégration. La DRH émet un avis favorable, lui demande de «patienter» en attendant qu'un poste se libère. Les mois passent, échange de lettres, les années passent, rien. Yves C. n'a plus d'argent. «Il n'a plus de domicile non plus.» En 1992, un député du Nord écrit au PDG d'EDF, l'engageant à «intervenir d'urgence». Le PDG «comprend» l'inquiétude d