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Libération

Sans papiers sur les chantiers

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publié le 12 novembre 2002 à 1h44

M. 31 ans, ouvrier du bâtiment, sénégalais et sans papiers.

«Je suis arrivé en 1993 en France. Auparavant, j'ai traversé l'Afrique, pour savoir comment c'est l'Afrique : le Mali, le Burkina Faso, le Tâchât, le Gabon, la Guinée. Des petits boulots, aider à décharger les camions, faire les routes. Et puis j'ai appris le métier de maçon. Il faut savoir souffrir : les flics te volent à chaque frontière, j'ai été dévalisé au Nigeria.

«Mon arrivée en France a été plus facile. Je suis venu en avion. Cela ne sert à rien d'essayer de franchir les frontières clandestinement, dans des camions ou dans les soutes des avions. Emigrer, ce n'est pas un suicide. Mais c'est devenu très difficile : un de mes amis a passé deux ans en Guinée à attendre un visa, en vain. En 1993, mon frère aîné, qui est en France depuis 1971, est venu me chercher à Roissy. J'ai fait une demande d'asile. Cela m'a apporté une carte de Sécurité sociale.

Pendant les six premiers mois en France, j'ai d'abord cherché à connaître Paris. Et puis il a fallu travailler. J'ai obtenu une fausse carte de séjour à mon nom, puisque j'avais déjà la carte de Sécu. Cela m'a coûté 600 francs. C'est beaucoup mieux que d'emprunter l'identité de quelqu'un d'autre. Parce qu'alors, si tu as un accident, tu as de gros ennuis. Par des copains, j'ai été embauché en intérim pour le ramassage des ordures : Asnières, Gennevilliers, Suresnes. Trois ans, sans m'arrêter.

Après, j'ai trouvé du travail sur les chantiers. D'abord dans les carrières aut