Il faut se méfier des déclarations intempestives. Officiellement, un «accord» a été trouvé vendredi à Sydney, lors d'une réunion de l'OMC (Organisation mondiale du commerce), sur la très sensible question de l'accès aux médicaments essentiels des populations les plus démunies. Un premier «accord» avait été arraché au forceps, il y a un an, à Doha (Qatar). Il entérinait, sur le papier du moins, la suprématie du droit aux soins sur le droit des brevets. Les pays du Sud producteurs de copies de médicaments (génériques) avaient obtenu le droit de soigner leurs malades (sida, tuberculose, paludisme), sans obtenir celui d'exporter leurs copies. Les pays les plus pauvres, sans capacité de production pharmaceutique, mais les plus touchés par les pandémies, se trouvaient suspendus «à une solution rapide», avant la fin de l'année 2002.
Depuis, la guerre en coulisses a été féroce entre les partisans d'une restriction à l'exportation (Etats-Unis, Suisse, Canada), qui craignent une «invasion massive» de génériques, et ceux d'une suppression de ces restrictions (Organisation mondiale de la santé, pays du Sud, et... France), qui rappellent que 15 millions de personnes meurent chaque années de maladies infectieuses, faute de médicaments.
Quel «accord» aurait donc été trouvé ? L'exportation de génériques vers les plus pauvres serait possible, à la condition de recourir à une double «licence obligatoire», l'une du pays importateur, l'autre du pays exportateur. Une procédure lourde, compliquée,