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Libération

Le nucléaire japonais dégringole de son piédestal

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La première compagnie d'électricité du pays avoue avoir falsifié les inspections de ses réacteurs depuis dix ans.
publié le 19 novembre 2002 à 1h49

Tomioka, envoyé spécial.

Planté devant sa camionnette, Koshiro Ichimaru branche ses haut-parleurs et entonne ses slogans antiatome. Le train en provenance de Tokyo décharge à la gare de Tomioka un nouveau lot d'experts nucléaires. Soigneusement garées, les limousines de Tepco (1), première compagnie électrique privée au monde par sa production, qui exploite les deux centrales voisines de la province de Fukushima, attendent ces émissaires venus du siège. «Il en arrive comme s'il en pleuvait», grommelle l'activiste antinucléaire dont la fourgonnette arbore le panneau : «Stop à l'atome, Stop aux mensonges». «Ils tentent de remettre de l'ordre dans ce foutoir. Leurs collègues locaux leur ont tellement menti qu'ils doivent tout revérifier.»

Démissions. Excuses, mensonges, sanctions et démissions au sommet... Le lobby japonais de l'atome est bien mal en point depuis les révélations de Tepco fin août. La société d'électricité a reconnu avoir, pendant des années, bâclé les inspections des réacteurs de ses centrales de Fukushima, et falsifié ses rapports auprès de l'Agence nationale de sûreté nucléaire pour masquer des fissures, des problèmes de maintenance et son laxisme en matière de protection antiradiations. Son PDG, discrédité, a fini par démissionner. Les deux centrales, dotées chacune de six réacteurs, forment un sanctuaire au Japon, encadrant la baie de Tomioka comme les sentinelles de la fierté technologique nipponne.

Plus de 30 % de l'électricité japonaise est actuellement d'o