Les subventions à l'agriculture des pays du Nord multiplient les entraves au développement du Sud. «Il est hypocrite de prêcher les avantages du commerce et des marchés et, dans le même temps, ériger des obstacles sur les marchés dans lesquels les pays en développement ont un avantage comparatif.» Le constat au vitriol ne vient pas d'un militant antimondialisation mais de l'économiste en chef de la Banque mondiale, Nicholas Stern. Pointant du doigt les dernières aides américaines de 190 milliards de dollars sur dix ans et la récente décision européenne de maintenir son actuelle politique agricole commune et son corollaire, des aides directes à l'exportation record (5,8 milliards en 1998), Stern a dénoncé hier à Munich l'injustice des règles du jeu commercial international. Car ses subventions se révèlent autant d'«exemples flagrants», selon lui, d'un «financement des coûts du non-changement» au lieu d'une aide «destinée à faciliter le changement».
Ce nouveau pavé dans la mare intervient au moment où l'OMC, à Genève, tente en ce moment de mettre en musique la libéralisation agricole définie à Doha, il y a un an... Or, toute tentative de rendre plus équitable la mondialisation passe, notamment, par la mise en sommeil des 300 milliards d'aides que les pays riches accordent à leur agriculture. Soit six fois le montant total de l'aide publique au développement... A l'arrivée, ce double langage, résume Stern, peut aussi se résumer ainsi : «une vache européenne reçoit 2,50 dollars d