Pointe-à-Pitre envoyé spécial
Les queues ont disparu et les cuves des pompistes sont pleines. Les Ponts et Chaussées sont à l'ouvrage, le pays besogne et le touriste sirote des boissons colorées en attendant d'aller célébrer samedi le vainqueur de la Route du rhum (lire page 27). C'était le portrait de l'île hier. Reste que depuis près de trois mois, la Guadeloupe vit dans les conflits à répétition. Après la grève perlée d'EDF, de janvier à juin qui a fait la fortune des marchands de groupes électrogènes , l'annonce du Groupe Accor, le 11 novembre, de quitter l'île a, selon Didier Arnoux, président de l'office de tourisme des îles de Guadeloupe, «blessé la population».
Le conflit le plus important oppose l'UGTG (Union générale des travailleurs guadeloupéens) du très vif Raymond Gauthiérot, dit «Rémon», au pétrolier américain Texaco. L'UGTG exige, pour quatre de ses adhérents, la gérance d'une station Texaco au lieu-dit La Retraite. Le pétrolier s'y oppose et dira en début de semaine s'il maintient son intention de quitter l'île. Le camion de la compagnie, grillagé comme un poulailler, ne circule plus et les 14 stations n'ont même plus de quoi remplir un briquet.
Violence. «Notre lutte est juste, grâce à nous les gens accèdent aux droits les plus primaires. Est-ce notre faute si l'économie est détenue à 80 % par des Français ? On ne possède pas notre pays. Avant, mes parents disaient : "Si Dieu veut !" On doit aujourd'hui s'habituer à de nouveaux rapports de force.» Voilà ce