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Libération

L'Argentine crie famine

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A Buenos Aires, la pauvreté s'étend aux classes moyennes. Reportage.
publié le 23 novembre 2002 à 1h52

Buenos Aires

de notre correspondant

Un enfant sur cinq en Argentine souffre de carences alimentaires graves. Les hôpitaux du nord du pays soignent des enfants de 6 ans qui pèsent 9 kilos, alors que ces bambins devraient en peser 25. Dans la province de Misiones, à la frontière avec le Brésil, au nord du pays, 49 enfants sont morts de faim depuis le début de l'année. Aujourd'hui, la faim «attaque» Buenos Aires par le sud.

C'est à une quinzaine de kilomètres des somptueux immeubles du micro-centro de Buenos Aires que s'étend le faubourg de Bajo Flores, où survivent 50 000 personnes. Ici, des venelles poussiéreuses quadrillent un entrelacs de maisonnettes de guingois construites avec du matériel de récupération. La plupart des habitants vivent du ramassage de papier et de carton récupérés dans les beaux quartiers. Chaque soir, au coucher du soleil, des familles entières poussant des chariots investissent la ville. Toute la nuit, ils fouilleront les poubelles et autres détritus. Pour éviter que les immondices ne s'accumulent sur les trottoirs après leur passage, la municipalité a demandé aux habitants de la capitale de trier leurs ordures : d'un côté le papier, le carton, le plastique, la pitance des cartoneros. De l'autre, tout ce qui n'est pas recyclable. Les plus chanceux gagnent une dizaine de pesos par nuit, soit moins de 3 euros.

«Quartier obscur.» Dans le quartier de Bajo Flores, où le taux de chômage atteint 80 %, il n'y a plus ni électricité ni gaz. Les réseaux de distribut