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Libération

La fracture linguistique

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Syndicats et consultants pointent les effets pervers du tout-anglais.
publié le 25 novembre 2002 à 1h53

«Le niveau de maîtrise de l'anglais et la facilité avec laquelle on l'apprend ne sont pas proportionnels à la compétence professionnelle», remarque Serge Airaudi, un consultant en management qui, inlassablement, depuis des années, met en garde les entreprises contre les effets pervers du tout-anglais. Et de pointer le risque que certains salariés par ailleurs aguerris professionnellement voient leurs perspectives d'évolution de carrière freinées faute d'un niveau linguistique suffisant. Un phénomène largement minimisé par les DRH, prompts à présenter la formation comme le remède miracle aux carences linguistiques des uns et des autres.

Les non-cadres sont pourtant loin de lutter à armes égales dans la bataille pour les meilleurs postes. «Les techniciens, en particulier ceux qui travaillent à l'international, se retrouvent souvent bloqués dans leur progression de carrière à cause de l'anglais», explique ainsi Stéphane Casse, consultant au cabinet de recrutement Ecléo.

Gérard Crochon, militant CGT chez Alcatel Business System, peut en témoigner. «Mes collègues techniciens du service d'ingénierie mécanique ne maîtrisent guère l'anglais, car ils l'utilisent peu au quotidien et, comme par hasard, ils font partie de ceux qui bénéficient le moins des promotions cadres», déplore-t-il.

Idem chez Renault, où l'embauche massive de jeunes ingénieurs ces dernières années a suscité un vif malaise chez les techniciens. «Ils ont vu brusquement leurs perspectives d'avancement s'éloigner, ajoute