Proche de la cessation de paiement, le Liban a obtenu des bailleurs de fonds internationaux une rallonge conséquente de 4,3 milliards de dollars à l'occasion de la conférence de Paris II, qui s'est tenue samedi à l'Elysée. Charbel Nahhas, économiste libanais, explique les raisons de cette crise financière.
Comment une économie peut-elle tourner avec 30 milliards de dollars de dette publique, soit 180 % du PIB ?
Les 30 milliards, on les a déjà dépassés. Vers la fin de l'année, on ne sera pas loin de 190 à 200 % du PIB. Mais ce ratio n'a de sens que si on n'arrivait plus à trouver de nouveaux prêteurs. Au lendemain de la guerre en 1990, les Libanais ont fait différents scénarios pour connaître le montant d'investissements dont ils auraient besoin pour la reconstruction. Les espoirs les plus optimistes tablaient sur une vingtaine de milliards de dollars en dix ans. En réalité, le pays a attiré 40, voire 50, milliards de dollars. Mais ces fonds, au lieu d'aller dans des investissements qui auraient pu augmenter la production, ont alimenté la consommation. C'est donc un excès de financement, au lieu d'un besoin de financement, qui est à l'origine de nos problèmes actuels.
Y a-t-il un atavisme libanais ? Comme si ce pays n'était pas capable de produire, mais seulement d'échanger et de fournir des services ?
On ne peut pas dire ça. La reconstruction est une réalité. Il y a même un excès d'équipements dans pas mal de secteurs, l'immobilier, mais aussi l'éducation, la santé, etc. En reva