Les 20 et 21 novembre, l'Institut national du travail de l'emploi et de la formation professionnelle a organisé, en collaboration avec Libération, des ateliers sur le thème «Migrations internationales et marché du travail». L'occasion pour des acteurs, hauts fonctionnaires, syndicalistes, employeurs de confronter leurs vues sur les questions sensibles de l'immigration, un travail parallèle à celui du commissariat du Plan qui a publié un rapport sous la direction de François Héran, directeur de l'Ined (Institut national d'études démographiques, Libération du 20 novembre). Des invités étrangers ont pris la parole. Nous livrons ici les réflexions de trois d'entre eux.
Développement bloqué
Ousmane O. Siidibé est commissaire au Développement institutionnel du Mali. Il était auparavant ministre du Travail de son pays.
«L'émigration malienne vers l'Europe vient essentiellement de la région de Kayes. Elle est de fait organisée par les communautés. Les familles envoient à tour de rôle un de leurs membres. L'objectif n'est pas de s'installer, mais de travailler pour nourrir la famille au village et de contribuer au développement local par un flux financier. C'est un cycle de sept ans en moyenne. Mais les règles de l'espace Shengen, en rendant difficile l'aller et retour entre le pays d'origine et l'Europe poussent les Maliens à demeurer ici. On ne peut cependant pas en rester à ce seul constat. Les perspectives de développement des pays africains sont bloquées par les prix bas des matièr