Menu
Libération

En Argentine, l'enfance crie famine

Article réservé aux abonnés
La crise économique a des conséquences dramatiques sur la santé de la population. Les autorités commencent juste à réagir.
publié le 27 novembre 2002 à 1h54

Buenos Aires, correspondance.

Dormir et boire du maté. Pour oublier les douleurs de la faim, le soleil qui assomme, les enfants qui tournent en rond en réclamant à manger. Dans les provinces du Nord et de l'Est, c'est le lot quotidien de milliers d'Argentins. Juana Mendoza a installé son gourbi à l'ombre d'un arbre à la sortie du village d'Estanislao del Campo, à 300 kilomètres de Buenos Aires. Elle ne connaît pas son âge, ni celui de ses trois enfants, ne sait pas quel jour on est. Elle dit seulement : «Je ne mange qu'une fois par semaine.»

Il aura fallu que dix enfants meurent de malnutrition ces derniers jours dans la province de Tucuman pour que les autorités argentines mesurent enfin l'ampleur de la misère. Depuis lundi, l'armée a lancé une opération de sauvetage : distribution de nourriture, eau et médicaments. Mais la présence des militaires inquiète. Pourquoi tant d'hélicoptères, pourquoi tant d'avions ? «A quoi sert d'envoyer des hôpitaux de campagne alors que près de 500 lits sont vides dans les hôpitaux de la ville de Tucuman ? A quoi sert de faire venir des aides-soignants de la capitale alors que 300 d'entre eux ici n'ont pas touché de salaire depuis 6 mois...», interroge un pédiatre de l'hôpital des enfants. Ici, les médecins enragent. Certes, les structures existent, mais l'argent manque pour payer les médicaments et infirmières. Dans quelles poches finit le 1,3 million de pesos (370 000 euros), une partie en liquide, une partie en nature, envoyé chaque mois par