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Libération
Interview

«Privilégier la voie de la conciliation»

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Aucun juge ne connaît le monde du travail mieux que les prud'hommes.
publié le 2 décembre 2002 à 1h58

Pierre Sargos est président de la chambre sociale de la Cour de cassation, chargée d'examiner les pourvois formés contre les décisions des conseils de prud'hommes.

Les conseils de prud'hommes rendent-ils une bonne justice ?

Une bonne justice, c'est une justice qui permet aux parties de s'expliquer. Les conseils de prud'hommes ont avant tout pour mission de régler les confits par voie de conciliation. Pour concilier, il faut justement que les parties soient là, qu'elles puissent échanger, défendre leurs positions respectives. Dans notre société, il n'y a pas de prohibition du licenciement. L'employeur qui veut aller jusqu'au bout d'un licenciement l'obtiendra, même si ça lui coûte cher. Dans la conjoncture actuelle, même avec l'intervention des Assedic, il faut donc qu'il y ait des garde-fous assez sérieux. Les prud'hommes remplissent ce rôle.

On reproche aux conseillers prud'homaux de ne pas être des juges «professionnels». Ce principe doit-il être remis en cause ?

Les conseillers des prud'hommes sont des professionnels du travail. Récemment, nous avons examiné une affaire où le litige portait sur les conditions dans lesquelles des équipes alternaient par séquences horaires. On était saisis d'un pourvoi contre l'arrêt de la cour d'appel. La situation était tellement complexe qu'on ne pouvait la comprendre qu'à la lecture du jugement du conseil des prud'hommes. Manifestement, celui qui l'avait rédigé était parfaitement au fait du mécanisme en question. Et ça, c'est irremplaçable.