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Prud'hommes en danger

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Le 11 décembre, salariés et employeurs élisent 15 000 conseillers. Malgré les campagnes d'information, l'abstention menace d'atteindre des records.Portraits de juges du travail.
publié le 2 décembre 2002 à 1h58

Alerte, la justice de prud'hommes est en danger ! Le 11 décembre, 16,2 millions de salariés, et 769 600 employeurs du secteur privé sont appelés à élire 14 610 conseillers prud'hommes. Cette quasi-exception française, puisque, hormis l'Irlande, aucun autre pays ne confie à des juges paritaires le soin de trancher des conflits du travail est menacée par... l'abstention. Lors du dernier scrutin, en 1997, seuls 34,4 % des salariés et 20 % des employeurs avaient voté. Selon le seul sondage publié à ce jour, réalisé par CSA pour Altedia-Liaisons sociales en septembre, 69 % des électeurs pourraient bouder les urnes cette fois-ci. Pas par méfiance vis-à-vis de l'institution : 79 % des Français font confiance aux tribunaux de prud'hommes. Ni par rejet du syndicalisme, puisque, au contraire, la cote des syndicats auprès des salariés est en constante augs54 %. Le problème semble quasi psychologique : «Les prud'hommes, on a affaire à eux lorsqu'on est licencié, explique Stéphane Rozès, de l'Institut CSA. Ce sont des juges du divorce avec l'entreprise. Difficile d'être motivé par une telle élection.»

Pour tenter de conjurer le sort, le gouvernement invite les maires, chargés du scrutin, à décentraliser les bureaux de vote. Strasbourg, par exemple, qui n'avait ouvert que sa mairie en 1997, mettra à la disposition des électeurs pas moins de 66 bureaux. Un décret permet désormais d'implanter les urnes dans des lieux privés. Les salariés de la Défense disposeront de 50 bureaux répartis dans