Jérôme Sgard (1) est économiste au Centre d'études prospectives et d'informations internationales (CEPII). Il explique pourquoi la récente «embellie» économique de l'Argentine risque de ne pas durer.
Il y a tout juste un an, l'Argentine s'enfonçait dans une crise économique sans précédent. Aujourd'hui, le ministre de l'Economie parle de «reprise économique». N'est-ce pas injustifié ?
Il y a un an, on pouvait s'attendre au pire : chute de la croissance, explosion sociale, le tout sur fond de chaos monétaire rappelant l'hyperinflation des années 80. Mais depuis six mois, le paysage se stabilise sur le plan du taux de change, de l'inflation et de la croissance. Ceci répond notamment au succès de la «pesification» de l'économie, c'est-à-dire de la conversion en peso (monnaie locale) des prix, des dettes, des dépôts, etc. Sur le plan de la croissance, l'économie est actuellement sur un plateau, après une chute du produit intérieur brut de 15 % au premier semestre. On peut même s'attendre à une petite reprise dans les prochains mois, en raison notamment des gains de compétitivité obtenus grâce à un taux de change avantageux pour les exportateurs argentins.
Quelles sont les sources d'inquiétude ?
Il reste un très gros nuage au-dessus de l'économie de ce pays, qui empêche pour le moment d'envisager une vraie sortie de crise, avec une reprise durable de la croissance et de l'investissement : c'est l'insolvabilité d'un grand nombre d'entreprises, du système bancaire et de l'Etat. Dans le