Graver ses propres compilations à partir de ses CD, extraire son morceau favori d'un disque pour l'écouter sur son ordinateur ou encore dupliquer un DVD pour en disposer à la fois chez soi et dans sa maison de campagne : autant de pratiques très répandues, et parfaitement légales, que le gouvernement s'apprête à proscrire de fait. Le ministère de la Culture met en effet la dernière main à un texte qui donne un tour de vis sévère à la copie privée. L'avant-projet de loi «relatif au droit d'auteur et aux droits voisins dans la société de l'information», que Libération s'est procuré (1), légitime les dispositifs techniques installés par les éditeurs et les producteurs sur les CD et DVD pour en limiter la duplication. Surtout, il interdit de les faire sauter, menaçant ainsi directement la copie privée.
Redevance. Car, en France, si le piratage est interdit, la copie privée est bien légale, sous forme d'une exception au droit d'auteur, définie par la loi Lang de 1985. Tout un chacun peut dupliquer à l'infini ses propres disques ou ses films, s'il le désire, du moment qu'il le fait pour son propre usage, dans un cadre privé et, bien sûr, sans en tirer aucun profit. Une possibilité destinée à favoriser l'accès de tous à la culture et compensée par une redevance prélevée sur les supports matériels utilisés pour la copie. Ainsi, sur chaque CD vierge vendu, un peu plus de 56 centimes d'euro sont reversés aux auteurs, aux producteurs et aux interprètes. La manne collectée représente une