Ce n'est pas demain que votre banque vous prêtera de l'argent à un taux de 2,75 %. Les taux d'intérêt fixés par la Banque centrale européenne (BCE) sont destinés aux banques commerciales qui viennent chaque semaine s'approvisionner en liquidités. La BCE a, en effet, le monopole de la création monétaire. En renchérissant le coût de l'argent, la BCE freine l'activité en asséchant les sources de financement. A l'inverse, en le rendant bon marché, elle facilite le crédit et l'activité. Ce robinet lui permet, en théorie, de contrôler l'inflation.
Les taux fixés par Francfort sont des minimaux : les banques, lorsqu'elles prêteront aux entreprises et aux particuliers, le feront à un taux plus élevé. Mais plus les taux de la BCE sont bas, plus le crédit est bon marché : il devrait baisser à son tour de 0,5 %. Attention cependant : les taux fixés par la BCE ne concernent que les taux à trois mois, comme les découverts bancaires. Les taux à long terme, eux, sont librement fixés par les marchés : ils reflètent la confiance qu'ils ont dans une zone économique et ses perspectives d'inflation. Or, ce sont ces taux qui sont importants pour l'activité, puisqu'ils déterminent le coût des prêts hypothécaires ou de la plupart des investissements des entreprises. Toute la difficulté de l'action de la BCE est là : si elle donne l'impression de relâcher la lutte contre l'inflation en baissant trop vite ses taux, elle peut faire flamber les taux à long terme (c'est le cas aux Etats-Unis). Et donc t