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Libération

Hôtesses à tout faire

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Les potiches se rebiffent. Mal payées, soumises à un stress permanent, les hôtesses font les frais d'un secteur en pleine expansion.
par Lisa TELFIZIAN
publié le 9 décembre 2002 à 2h03

«Faites-nous votre grand JE». L'affiche, dans les stations de métro, est un appel du pied. Pas pour devenir client d'une banque d'affaires. Ni pour partir au Club Med. Il s'agit de devenir hôtesse. Un métier d'avenir à ce qu'il paraît. Station République, moulée dans un jean qui découvre un nombril parfait, Melissa, 26 ans, hausse les épaules devant la publicité de Phone Régie, le leader français de l'accueil. «Quel "je" ? On est toute la journée en tailleur, c'est-à-dire en uniforme, juchées sur des talons, avec le même rouge à lèvres et vernis à ongles, à sourire comme des clones quelle que soit la grossièreté des visiteurs sur les salons. Parfois, les agences nous mettent carrément à la disposition du client. Il m'est arrivé de me retrouver en petite robe, en plein hiver à l'entrée d'un événement. C'est inhumain. Ou de tenir la porte des toilettes alors qu'il était prévu que je place les gens dans leur fauteuil lors d'une avant-première. J'ai une copine qui a travaillé sur un bateau affrété par Groupama à l'occasion de la Route du rhum. Le dernier jour, on lui a annoncé à 18 heures qu'elle devait dire au revoir aux 1 100 passagers du bateau avant de reprendre le train pour Paris à 19 h 30.»

Il y a l'image et la réalité. L'image, c'est celle d'une potiche, une jolie fille un brin écervelée qu'on peut draguer sans risque de se prendre une claque. La réalité, c'est qu'elle est constamment surveillée par l'agence qui l'emploie, et le client chez qui elle est en mission, sur le