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Libération

Pas de tables à Sciences-Po

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publié le 9 décembre 2002 à 2h03

Conseil de prud'hommes de Paris, audience des référés

L'avocate plaide à moitié affalée sur la barre. Elle murmure : «Je prie le conseil de m'excuser, mais j'ai une extinction de voix.» Le président se recule dans sa chaise : «On vous entend, on vous entend.» Rassurée, elle se lance : «Ma cliente, Catherine L., a été embauchée en décembre 1999 en CDD au service communication de l'Institut d'études politiques de Paris. On l'a recrutée en qualité de secrétaire PAO. Mais, en réalité, elle a exercé des fonctions de rédactrice, de responsable artistique, de chef de produit (l'extinction de voix s'est envolée, l'avocate appuie chaque mot). Elle a conçu, rédigé et fabriqué toutes les plaquettes de communication de Sciences-Po. Est-ce que c'est le boulot d'une secrétaire de faire ça ? De qui se moque-t-on ?» Catherine L. réclame 7 023 euros en paiement de 428 heures supplémentaires pour 2000 et 320 heures pour 2001. «Elle a réalisé un tableau de ses horaires, explique l'avocate, et j'ai des attestations des prestataires chez qui elle allait à 20 heures pour faire le bon à tirer. L'employeur ne nie pas. Quand elle a réclamé ses heures sup, on lui a versé une "prime pour travaux exceptionnels" de 1 067 euros. Mais ce n'est pas suffisant.»

L'avocate de Sciences-Po a l'air outrée. «Pour nous, madame L. n'a jamais fait d'heures sup'. Cette prime a été versée "dans un souci d'apaisement".» Elle répète plusieurs fois la formule, en insistant sur «apaisement». Puis attaque : «Le directeur de