Il ne faut pas se cacher derrière son petit doigt : l'échec de la mission 157 est un très violent coup sur la tête d'Arianespace. Et plus généralement sur l'ensemble de l'industrie spatiale européenne. Bien malin celui qui peut aujourd'hui évaluer précisément les impacts industriels, financiers et bien sûr politiques que va causer, en ricochet, cette panne. Mais, il y a fort à parier que l'organisation actuelle de l'industrie spatiale européenne n'en sortira pas totalement indemne.
«No man's land». D'abord, cet échec intervient dans un nouveau contexte de marché. Le succès d'Ariane s'est patiemment construit dans un no man's land concurrentiel. Obsédée par les vols habités, l'industrie américaine avait laissé les Européens prendre une énorme avance en matière de lancement géostationnaire. Cette époque est finie. Les Américains, Boeing et Lockeed Martin, sont là. Et parfaitement armés pour contester la suprématie commerciale d'Arianespace (qui détient toujours cette année 73 % de part de marché sur les lancements de satellites commerciaux). Avec des lanceurs, à la technologie éprouvée (d'origine soviétique) pour offrir des prestations à prix canons. Et aussi, avec de toutes nouvelles fusées, destinées à se frotter aux performances d'Ariane 5. Celles de Lockheed (Atlas 5) et de Boeing (Delta 4) ont toutes les deux parfaitement réussi leur baptême du feu, respectivement le 21 août et le 16 novembre. Or, les industriels américains peuvent compter sur le soutien infaillible du Pen