Vienne (Autriche)
de notre correspondant
Augmenter pour en réalité réduire. Telle est la subtile stratégie adoptée par les pays producteurs de pétrole afin de prévenir toute dégringolade des prix du brut. Réunis hier à Vienne en conférence extraordinaire, les ministres de l'Energie des onze pays membres de l'Opep (1) ont décidé d'une part de réduire la production et, d'autre part, de relever les quotas de 1,3 million de barils par jour (mbj), selon les termes de l'annonce faite par le président de l'organisation, le Nigérian Rilwanu Lukman.
Tout le monde triche. Pour comprendre les mécanismes en jeu dans la politique de l'Opep, il faut tenir compte d'un phénomène essentiel : depuis des décennies, aucun membre ne respecte le quota de production qui lui est imparti. En un mot, tout le monde triche et vend plus de barils que ce qui est autorisé. Ainsi, alors que l'Opep s'était fixée il y a un an un plafond de production totale de 21,7 mbj (soit un tiers de la production mondiale), sa production réelle est estimée, selon l'Agence internationale de l'énergie, à 24,6 mbj. Soit un dépassement de presque 3 mbj, un chiffre jusque-là jamais atteint.
La décision d'hier vise donc à donner une image plus crédible des pays producteurs en direction des marchés. La poire a été coupée en deux : d'un côté, les pays s'engagent à réduire leur production réelle (jusqu'à 1,7 mbj). De l'autre, l'organisation légalise un certain dépassement (de 1,3 mbj), en augmentant tout simplement les quotas officie