Il paraît qu'au service militaire, il n'était pas rare de croiser un bidasse à la recherche vaine et appliquée de la «clé du champ de tir». Ces objets introuvables moins astucieux que ceux de Jacques Carelman ont fait courir bien du monde. On en croise dans tous les métiers, en voici quelques-uns glanés au fil des pages du Parler des métiers.
Page 81, on apprend qu'on envoie un jeune comédien (plus ou moins jeune, mais ça ne marche qu'une fois) qui bafouille ou savonne un peu son texte chercher deux ou trois gouttes d'«articuline», remède imaginaire supposé améliorer sa diction.
Page 120, le classique, adapté aux métiers du cirque, on cherche assidûment la «clé du chapiteau».
Page 291, on n'a toujours pas retrouvé le «taquoir en cristal» du typographe. Un taquoir est une cale de bois frappée pour tasser les caractères.
Page 365, comme autant de jours dans l'année, autant d'os dans un corps humain, le charcutier-traiteur envoie son arpète chercher le «couteau à désosser le boudin».
Page 369, le jeune boucher part à la recherche de la «pierre à affûter les allonges», les allonges sont ces gros crochets de fer où l'on pend les quartiers de viande (bien sûr, ils ne s'affûtent pas).
Page 378, le pâtissier ne trouve plus son «échelle à monter les blancs», alors que chacun sait que les blancs en neige se montent par l'escalier.
Page 413, dans les cuisines d'un restaurant, on envoie le gafette à la recherche d'un peu de «bleu de méthylène», pour cuisiner une truite au bleu, o