Une fusion sans perdant, qui fait plaisir à tout le monde : dirigeants, actionnaires, salariés et même concurrents. Voilà ce que le Crédit agricole et le Crédit Lyonnais ont présenté hier en annonçant officiellement leur fusion au travers d'une offre amicale de la banque verte sur celle du Lion : un prix attractif pour les actionnaires, de 56 euros par titre ; 4 000 à 5 000 suppressions d'emplois sans licenciement grâce aux départs volontaires ; un nouveau management issu des deux groupes.
Unité. Une histoire qui cadre mal avec la réalité : la naissance du nouveau groupe a été arrachée au forceps, en trois petites semaines, sous la pression de BNP Paribas, qui venait d'entrer dans le capital du Lyonnais, alors que les deux groupes n'étaient pas arrivés à s'entendre depuis 1999. Principale raison : Jean Peyrelevade, le président du Lyonnais, voulait rester indépendant à tout prix tandis que le Crédit agricole traînait des pieds pour débourser autant d'argent pour acheter un groupe dont il n'aurait pas totalement le contrôle. En privé, les équipes des deux banques ne se privaient pas de se dénigrer mutuellement. Le Crédit agricole dénonçant «Peyrelevade le manipulateur» , tandis que les dirigeants du Lyonnais méprisaient «les paysans du Crédit agricole».
Mais, hier, lors de la conférence de presse où étaient réunis la plupart des dirigeants du Lyonnais et de l'agricole, chacun faisait comme si toutes ses difficultés s'étaient envolées par magie. Les quatre hommes forts des deux