Avec ses call-centers et ses milliers d'offres d'emploi à pourvoir, le marketing téléphonique est connu pour sa tolérance envers les femmes voilées. Là où d'autres entreprises les laissent à la porte, des sociétés comme Téléperformance, géant du secteur, avec 20 000 salariés dans le monde, n'hésitent pas à les embaucher pour des postes sans contact visuel avec la clientèle. Le casque vissé sur les oreilles toute la journée, ces jeunes femmes ont l'avantage d'être diplômées. C'est ainsi que Dallila Tahri a été recrutée.
Comment expliquer alors la crispation de Téléperformance ? Est-ce un effet du 11 septembre, amalgamant voile et intégrisme ? En tout cas, le licenciement de Dallila Tahri n'est pas un cas isolé dans le groupe. Sur son site de Lyon, la société a remercié en août une employée qui refusait, comme Dallila, de nouer son foulard en dégageant cou et oreilles. Elle aussi avait été engagée avec un voile qui couvrait totalement ses cheveux. Etudiante de 25 ans, Aïcha (1) a été licenciée le 16 août, quinze jours avant l'expiration de son contrat à durée déterminée pour «insubordination» et non-respect des consignes vestimentaires.
Quelques semaines plus tard, la direction de Lyon formalisait sa nouvelle politique en matière de voile lors d'une réunion avec les délégués du personnel : «L'entreprise ne saurait être le lieu de pressions politiques, religieuses ou philosophiques [...] La direction ne peut donc autoriser le port du "voile islamique" que sous réserve qu'il ne so