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Accès aux médicaments: le véto americain

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Les pays pauvres ne pourront pas importer de génériques.
publié le 23 décembre 2002 à 2h14

Fiasco intégral et flagrant délit de promesses déçues. Les 144 membres de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) ne sont pas parvenus à un consensus, vendredi soir, pour permettre aux pays pauvres d'importer des copies de médicaments (génériques). Les Etats-Unis ont mis leur veto au compromis destiné à mettre enfin sur les rails la déclaration de bonnes intentions politiques esquissée à Doha (Qatar), en novembre 2001. Un deal avait alors été arraché sur le fil. Il entérinait, de facto, la primauté du droit à la santé sur le droit des brevets. «Rien n'empêche les Etats membres de prendre des mesures pour protéger la santé publique», stipulait le texte, «en particulier» contre «le VIH/sida, la tuberculose, le paludisme et d'autres pandémies».

Ce texte constituait un virage dans les politiques publiques contre ces trois pandémies, qui font six millions de morts par an. Et un énorme espoir pour la mise à disposition de traitements antisida abordables pour les 99 % de patients en Afrique qui n'y ont pas encore accès... Les pays en développement pouvaient faire valoir une dérogation (la «licence obligatoire») pour fabriquer des copies de médicaments à usage national. Mais les pays membres avaient accepté de renvoyer à fin 2002, au plus tard, les modalités d'importation de génériques (les «importations parallèles») pour les pays dépourvus d'industrie pharmaceutique. Or, ces pays représentent «120 des 133 pays en développement», selon le réseau Health Action International. Cinq ré