New York de notre correspondant
Depuis plusieurs mois déjà, on le surnomme «le flic de Wall Street». Et vendredi après-midi, Eliot Spitzer, 43 ans, procureur de l'Etat de New York, yeux bleu acier et mâchoire carrée, a réussi le plus beau coup de sa carrière : forcer les grands noms de Wall Street à payer une amende historique de plus de 1,4 milliard de dollars. Cette amende est le résultat de longues négociations avec dix banques d'affaires que Spitzer avait placées sous enquête fédérale au printemps dernier. A l'époque, les marchés financiers accumulaient les scandales. Un à un, des analystes jusque-là intouchables étaient accusés d'avoir menti aux investisseurs en conseillant l'achat de titres de telle ou telle entreprise afin de rapporter de juteux contrats à leurs employeurs. Spitzer annonça alors une «croisade contre la délinquance en col blanc».
Ardoises de poids. Le premier à plier fut Merrill Lynch. Après la publication désormais fameuse d'e-mails échangés par les analystes qui s'amusaient des perspectives catastrophiques de certaines actions tout en les recommandant à leurs clients, la firme de courtage a accepté en mai de payer 100 millions de dollars pour régler son contentieux.
Cette fois, Salomon Smith Barney devra débourser 325 millions de dollars. Credit Suisse First Boston paiera 150 millions. Goldman Sachs, JP Morgan ou encore Morgan Stanley s'acquitteront de 50 millions chacun. Interrogé par la presse étrangère à New York, voici une dizaine de jours, Spitzer