Jeannot et Jeanine, concessionnaires MBK à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) ne recevront pas les deux dernières «bleues» qu'ils avaient commandées. Quand Jeannot a lu dans le journal que MBK arrêtait la production de la vieille Mobylette qui doit son surnom à sa couleur originelle, Jeanine a appelé à Saint-Quentin (Aisne), siège de MBK, où on lui a dit que les stocks étaient épuisés. Jeannot est d'avis que chez MBK, ils ont dû «servir les copains» avec les derniers exemplaires qui leur étaient destinés. Car la bleue, Mobylette de facteur et d'ouvrier, chromo vieille France célébré une dernière fois dans le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain, est désormais un objet de collection. Plus de quarante-cinq ans après avoir été présentée dans sa première version, en 1956, la dernière bleue vient de sortir de la chaîne de son usine historique, à Rouvroy, près de Saint-Quentin. Jeannot, 58 ans et demi, s'en étonne peu. La bleue, lui l'avait enfourchée comme lycéen («qui n'avait pas de bleue à l'époque ?», dit-il sur un ton d'évidence), puis comme «cyclard» (coursier). Surtout, il a vendu et réparé pendant vingt-sept ans les cyclomoteurs des banlieusards d'Aubervilliers. D'abord beaucoup, et puis de moins en moins. Jusqu'à assister, du fond de son petit atelier, à l'extinction de l'engin. Avec son vieux moteur, la Mobylette n'est plus adaptée aux exigences bruxelloises en matière de pollution. La chaîne d'outillage sera démontée et transportée en Turquie. A Rouvroy, on fabriquera des sc
Enquête
Adieu la bleue
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par Cédric Mathiot
publié le 26 décembre 2002 à 2h15
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