Menu
Libération

La transhumance des euros à l'étude

Article réservé aux abonnés
Depuis un an, des chercheurs pistent les pièces saute-frontière.
publié le 3 janvier 2003 à 21h38

Cela fait un an que le grand brassage de la monnaie unique a débuté. Un an que des euros frappés de la Semeuse circulent à Athènes et que des pièces allemandes avec l'aigle se promènent dans les poches espagnoles. Un an que les euros franchissent les frontières des douze pays de l'Euroland, une lente migration auscultée par une brochette de chercheurs européens, géographes, démographes ou mathématiciens. Tous profitant de cette caractéristique de la monnaie unique : la présence d'une face nationale indique sans ambiguïté où celle-ci a débuté son parcours. Il suffit donc de demander à intervalles réguliers à des Européens d'ouvrir leur porte-monnaie pour surveiller le jeu de saute-frontière monétaire. «Ce mélange de monnaies est un symbole de l'intégration physique européenne qui est en train de se faire», dit Claude Grasland, géographe à l'université Paris-VII et coauteur avec France Guérin-Pace, chercheuse à l'Institut national des études démographiques (Ined), d'une étude sur la circulation des euros (1).

Modelé. Symbolique, ce mélange est surtout l'occasion de vérifier en grandeur nature des hypothèses théoriques. Les géographes voient là un outil de traçage des flux migratoires. D'autres envisagent de valider des modèles épidémiologiques, les maladies contagieuses se propageant, tout comme la monnaie, par contact de proche en proche. Et, enfin, certains matheux tentent d'appliquer des modèles pointus à ces mouvements, façon de les valider sur une échelle inédite.

Après un